Les falaises. Un lieu où Zenith ne pouvait tenter aucune approche discrète et mystérieuse. Elle serait forcée d'être à découvert, mais elle savait aussi que les égarés y étaient ainsi moins prudents. Là-bas, elle pourrait aisément se faire passer pour l'un d'entre eux et ainsi les convaincre de la suivre jusqu'à sa cabane. Ils étaient bien trop naïfs, ils la croiraient sans hésiter. Ils la suivraient innocemment, et une fois sur place, elle n'aurait plus qu'à mordre sauvagement dans leur chair tendre. Il était vrai que si l'égaré en question était un de ces crasseux recouverts de boue, l'expérience serait bien moins amusante et délicieuse que ce qu'elle semblait. Au pire, elle n'aurait qu'à faire un détour par la rivière ...

La blonde avait déjà fait de nombreuses victimes de cette manière, mais bien entendu, cela ne fonctionnerait que si elle rencontrait quelqu'un qui n'avait jamais entendu parler d'elle. Car malheureusement, ils parlaient entre eux ces idiots, et les rares témoins qu'elle avait laissés derrière elle semblaient être ceux qui avaient les langues les plus pendues. Drôle d'expression soit dit en passant. L'on pourrait imaginer des dizaines de langues accrochées au plafond d'une remise en train d'être séchées pour être dégustées. Appétissant si l'on y réfléchissait. Du moins, du point de vue de Zenith, car rappelons-nous qu'elle n'est pas semblable au commun des mortels.

Une course effrénée dans les bois l'avait mené jusqu'ici. Non, elle n'avait pas suivi les traces d'un de ces imprudents, comme c'était bien souvent le cas, mais elle avait laissé ses jambes la mener où elles le voudraient. De toute façon, ces cancrelats étaient partout. Partout. La fille araignée ne pouvait pas faire un pas hors de sa cabane sans en croiser un, qu'elle le désire ou pas. Mais ils ne savaient pas de quoi les créatures étaient capables, les pauvres. Ils ne pouvaient pas même l'imaginer. Le danger était omniprésent, même à découvert ...

Zenith aperçut alors une silhouette, assez loin d'elle. Il s'agissait d'une fille d'après la chevelure qu'elle voyait. La créature sourit haineusement et s'approcha aussi silencieusement que possible. Ses années de pratiques avaient payés: elle ne faisait pas le moindre bruit.

Mais après tout, rien n'était joué. Rien ne serait jamais joué d'avance. Comme on dit « Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué », ou plutôt dans le cas présent « Il ne faut pas se lécher les babines avant d'avoir brisé le cou de l'égaré » ...

Je marchais tête haute, pour la première fois depuis si longtemps, je ne passais pas mon temps à pleurer bizarrement, sans doute parce que je n'avais plus de larmes à faire couler, j'avais tellement pleurer, j'avais tellement transpirer à courir dans tous les sens, ça ne m'étonnerait pas, depuis 53ans, je remuais ciel et terre dans l'espoir de trouver une faille, une sortie à cet enfer, peut être qu'en interrogeant une créature mystérieuse, je réussirais à savoir ou était la sortie, si il y en avais une. Mais c'était trop dangereux, puis, je ne savais pas comment me défendre aussi, j'avais passé ma vie dans cette forêt à me cacher pour ne pas les affronter, je n'avais aucune bases, non, je devais me faire à l'idée que j'étais coincée, et qu'un jour, je serais tuée par une bête, je ne resterais pas en vie éternellement. Bref, je marchais vers les falaises, un remède pour moi, un endroit pour méditer, pour me vider la tête, il n'y avait pas grand monde, enfin, j'y allais vers midi, là ou les créatures soient dormaient, sois étaient en train de déjeuner, les monstres avaient une habitude, la plupart, c'est de sortir chasser les égarés dans la nuit. Bref, je n'avais pas fait attention à l'heure qu'il était mais j'avais besoin de me vider la tête, je priais pour qu'il n'y est personne.

Putain dieu, il y avait quelqu'un, je regardais la silhouette avec aucunes expressions sur le visage, égarée, créature mystérieuse ? J'espérais que ce soit une égarée, je marchais doucement, mon allure était devenue plus lente et je fronçais les sourcils pour essayer de mieux voir cette femme, il ne fallait pas que je m'approche trop, pour me laisser le temps de sauter dans un buisson et de monter aux arbres et d'imiter Tarzan pour m'échapper, je ne pouvais faire confiance à personne, arrivée à quelques mètres, je m'arrêtais et tournais les talons, prête à reparti, il ne fallait pas que je prenne de risques.

L'égarée l'avait repérée désormais, c'était certain. La preuve en était simple: elle avait fait demi-tour.
Elle devait sans doute être dans ce vaste univers de forêts et de bois depuis de nombreuses années pour être autant sur ses gardes. Mais sa chasse n'en serait que plus amusante.
Car oui, pour le monstre qu'était Zenith, traquer une proie était amusant. Arracher les boyau d'un être vivant était une occupation plaisante. Et mordre dans un organe encore gorgé de sang était délectable. Elle avait grandi dans un univers oublié par tous, abandonné par les dieux. Mais cela lui convenait parfaitement. Elle avait tué père et mère pour sa soif de vengeance et de mort, elle ne reculerait jamais.
Les égarés devraient être anéantis, et elle était sûre et certaine qu'elle y parviendrait. Celle qui lui faisait face n'en était qu'un échantillon.

Mais soudain, Zenith se rendit compte que quelque chose clochait. Il y avait quelque chose de particulier, mais elle était incapable de comprendre de quoi il s'agissait. Comme un effet de déjà-vu, ou un sentiment refoulé. Comme si elle avait une boule au ventre, avec l'impression que tout avait déjà été orchestré.
Et la créature ne supportait pas l'idée d'être un pion. Elle n'en était pas un. Dans son esprit c'était très clair: c'était elle qui tirait les ficelles, ils n'étaient que ses marionnettes. Et la sensation qui était bel et bien présente en elle à cet instant commençait à faire enfler une rage sourde dans son esprit.

Que se passait-il ? Que se passait-il ?

Elle suivait la fille désormais, sans pour autant presser son allure, et se débattant mentalement contre cette impression étrange. Mais soudain tout lui revint. Le haut rayé. Les cheveux blonds. Le jean à demi détruit. C'était elle.
Qui ça ? Oh, Zenith ne connaissait pas son nom, mais elle la connaissait elle. Elle l'avait traquée des heures durant, mais la petite garce avait trouvé une faille dans son plan. Elle avait réussi à lui échapper, ce qui n'était arrivé que très rarement à la tarentule. Elle avait l'habitude de tisser sa toile, son piège, si habilement, que les égarés ne parvenaient pas à comprendre ce qu'il leur arrivait jusqu'à ce qu'il se soient complétement sous son joug et qu'ils ne puissent plus bouger.
Pourtant, avec elle, cela avait été différent. Elle avait été moins idiote, ou plus maligne selon le point de vue. Car Zenith ne supportait pas de qualifier un de ces simples humains dénués de toute barbarie d'intelligents.

La rage continua d'augmenter à la compréhension de la situation. Cette égarée lui avait échappée une fois, cela ne serait pas le cas une seconde fois.
Le sang battait à ses tempes et la créature commença à courir. Ce n'était plus la peine d'essayer d'être discrète, la blonde la reconnaitrait forcément à un moment donné. Ses muscles tendus sous ses vêtements ne demandaient plus qu'à bondir sur sa proie. La distance entre elles s'amenuisaient de plus en plus. Le monstre entendait désormais le souffle de l'égarée, comme celle-ci devait maintenant entendre le sien. Ses envies barbares s'imposaient à son cerveau et le goût du sang s'imposait à son palais.
Elles étaient si proches ...

Je n’avais pas voulu prendre de risque, bien que la vie dans cette forêt fût pour le moins désagréable, je n’avais aucune envie de mourir. Je ne prenais même pas la peine de savoir si elle était une égarée comme moi où si c’était tout simplement une créature qui voulait me retirer la vie, il ne fallait jamais prendre de risques avec ses choses là, la vie était précieuse. J’avais donc fait demi-tour et accélérer l’allure, il avait une chance sur deux que ce soit une égarée, une chance sur deux que ce soit une créature, un monstre, je la sentais se rapprocher de moi, elle accélérait son allure, je fis de même, mais elle était plus rapide que moi, les chances pour que ce soit une égaré furent ensuite minimes, je risquais un coup en arrière et je la reconnus, cheveux blond, expression de fureur, elle me voulait de mal et je croyais savoir pourquoi, j’étais passée entre les mailles de ses filets la première fois, elle m’avait retrouvé, du moins, je l’avais retrouvé, enfin, c’était compliqué, elle voulait sa vengeance, j’étais mal barrée.

« Oh merde ! »

Que devais-je faire, me retourner brusquement et lui foutre un poing dans la tronche, non, je me ferais rattraper facilement, continuer à marcher en faisant comme si de rien n’était ? Ou me mettre à courir ? Dans les trois cas, je me dis que j’étais cuite, elle n’aurait aucun mal à me rattraper ou à me retrouver, je fermais les yeux et priais dieu tout en accélérant l’allure en espérant qu’elle attende encore un peu, il fallait que je me sorte de là, je regardais à droite à gauche, mon cœur battait fort dans ma poitrine, j’étais complètement paniquée. Maudit monstre !! Pourtant, il fallait que je fasse quelque chose, j’avais une petite idée en tête mais c’était à mes risques et périls, je n’aimais pas prendre de risque mais là, je n’avais pas trop le choix si je voulais rester en vie. Je me tournais et pointa le ciel caché par les arbres du doigt et m’écriais :

« Oh un avion ! »

Bien sûr, ce n’était pas vrai du tout, il n’y avait aucun avions dans le ciel, puis même si il y en avait, on ne le verrais pas, les arbres cachaient le ciel, mais c’était humain, quand on disait ça, instinctivement, on regardais, en espérant que la jeune monstre regarde dans le ciel, en attendant qu’elle réagisse, je pris ,mes jambes à mon cou et me mit à courir sur le sentier, j’avais pris l’habitude de courir pendant 53ans, j’étais devenue assez rapide, mais assez contre une créature ? Je l’espérais, dans la lancée, je murmurais quelques choses dans ma barbe :

« Je n’ai pas l’intention de mourir aujourd’hui ! »

Zenith courait après sa proie, après celle qui lui avait déjà échappée une fois mais qui, elle en était certaine, finirait aujourd'hui au fin fond de son estomac. C'était une traque de plus à son actif, pourtant, la créature y était bien plus impliquée qu'habituellement. Sa soif de vengeance devait être tarie, ou sinon une haine insatiable croitrait en elle jusqu'à la folie. Mais après tout, n'était-elle pas déjà folle ?

Soudain, l'égarée se retourna et pointa le ciel du doigt. « Oh un avion ! » C'était impossible dans cet univers, rien ne circulait plus haut que la voute des arbres, et d'ailleurs le monstre ne savait même pas de quoi l'autre parlait. Mais dans un réflexe idiot et insensé, elle leva les yeux.

Erreur suprême, car la blonde devant elle en avait profité pour recommencer sa course et prendre de l'avance.

« Ah tu te crois maligne ! Rira bien qui rira la dernière. » pesta-t-elle dans sa barbe, haineuse devant la facilité qu'elle avait eu à la berner.

Ce n'était pas normal, théoriquement c'était elle qui piégeait les autres. Pas les égarés. Pas cette égarée. Quoi qu'elle avait déjà réussi une fois ... Elle était bien différente de ces semblables ...
Mais elle devait être détruite, comme tous les autres.

Zenith avait repris sa course. Elle savait, ou elle croyait selon le point de vue, qu'elle était plus rapide que celle qu'elle traquait. Car même si celle-ci croyait avoir beaucoup d'expérience, elle ne pourrait pas la dépasser de ce côté là. Cela faisait 185 ans environ que le monstre vivait en ces lieux. Pourquoi exactement ? Car elle n'avait jamais su sa date de naissance précise, et que cela ne l'avait jamais intéressée. A quoi bon ? Ce n'était qu'une date.

Ses foulées s'espaçaient, signe de son accélération. Elle savait que l'égarée tenterait une autre feinte. Il n'y avait donc pas énormément de solutions différentes ...

Zenith bondit sur sa proie.

Ah ah je le savais. Elle avait levé les yeux au ciel, comme une idiote, et j'en avais profité pour m'enfuir. Si j'avais été intelligente, je serais sautée dans un buisson ou je me serais enfoncée dans les bois ... mais non, comme une idiote, je suivais le chemin, je devenais dingo et un jour, ça allait me porter défaut. J'avais pris une certaine longueurs d'avance mais je savais que la créature n'allait pas mettre longtemps à me rattraper, je poussais sur mes jambes autant que je le pouvais, je courrais perdre haleine, aussi vite que possible pour échapper aux griffes de la créature, c'est que je ne voulais pas mourir, pas maintenant. Je la sentais se rapprocher, je tournais la tête vers le côté pour voir où elle était, tout près, avec une expression de rage sur le visage, ça faisait ... peur. Je remis ma tête en avant et continuais de courir, entrainée par l'adrénaline et le souhait de survie, mais je vis son ombre foncer sur moi, là, tout se ralenti.

J'avais deux solutions, soit je risquais une roulade sur les ol bien sur pour échapper à son poids et de prendre le risque d'un traumatisme crânien, ou alors, je me tourne brusquement et je cours de l'autre côté pendant que la créature se casse la gueule par terre, il fallait faire vite, l'ombre se rapprochait, je me tournais, me baissais et passais sous la créature, grâce à l'élan accumulé, je me remis à courir dans le sens inverse au premier.

Les égarés étaient idiots. Ils ne comprenaient pas les pièges qu'ont leur tendait, ils ne se rendaient pas compte qu'ils étaient traqués jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face à leur mort.
Alors pourquoi celle-ci n'était pas comme les autres ?

C'était la question qui s'immisçait dans la tête de Zenith, celle qui n'était supposée n'avoir échoué qu'à de très rares reprises, celle qui finissait toujours son travail. La barbare, la brute, la cannibale. Pourquoi tout était si différent avec elle ?
Les égarés ne lui tenaient pas tête, ils tremblaient devant son regard glacial. Ils se jetaient à ses pieds dans un espoir ridicule de lui inspirer une quelconque compassion. Idée bien cocasse soit dit en passant.
Et elle, elle gardait les idées claires. Elle faisait preuve d'imagination pour la berner, elle se débrouillait pour la faire passer pour une imbécile.

La mâchoire crispée, Zenith n'avait rien pu faire d'autre que de voir le sol foncer à toute vitesse vers elle. Elle avait tenté de sauter sur sa proie, mais encore une fois celle-ci l'avait esquivée. La créature avait grimacé lorsque son visage s'était fracassé contre une pierre. Le sang chaud coulait de sa tempe droite, mais ce n'était pas une raison pour elle d'abandonner. Elle avait tellement voulu faire du mal à cette fille perdue que toutes ses forces s'étaient retrouvées propulsées en avant. D'où le choc si violent auquel elle venait de faire face. La douleur était bel et bien présente, mais elle ne pouvait se permettre de renoncer. On n'échappait pas bien longtemps à Zenith, il fallait que cette égarée le sache.

Le monstre cracha la poussière qui s'était retrouvée dans sa bouche lors de sa chute, essuya d'un revers de main son front, et recommença sa course. Elle tanguait légèrement et tentait de retrouver ses esprit. Mais il ne fallait pas que cela se voie extérieurement. Elle avait envie de crier, mais cela aurait été avouer sa faiblesse. Elle ne le devait pas, elle ne l'aurait tout simplement pas supporté.

Essuyer sa blessure avait été inutile, le liquide bordeaux recommençait à couler, mais Zenith repassa sa main dessus. Elle ne voulait pas prendre le risque d'être aveuglée.

La créature reprit enfin sa vitesse de course habituelle, même si elle entendait battre son cœur dans ses oreilles. L'égarée avait prit le chemin inverse, elle retournait vers les falaises. Elle n'aurait plus d'issue une fois qu'elles y seraient rendues. Elle serait donc forcée de lui faire face.

Cette idée si satisfaisante à ses yeux donna au monstre de nouvelles forces: elle voyait déjà au loin la tignasse blonde de la fille. Elle courait toujours, elles couraient toujours. L'une pour sauver sa peau, l'autre pour l'obtenir. Elles arrivaient aux falaises et celle qui poursuivait l'autre ralentit, jusqu'à marcher tranquillement.

« Tu n'es pas aussi dénuée d'intelligence que ce que j'aurais pu penser »

Je courais maintenant sans me retourner, je ne faisais même plus attention si elle était derrière ou non, je courais simplement. C’est comme quand tu montes à une échelle, il ne faut pas regarder en bas, quand tu te fais poursuivre, c’est pareil, il ne faut pas regarder derrière soi. Je courais donc sans savoir si la créature était derrière moi ou non, ma respiration était rapide et régulière & le point de côté était là, ça me ralentis un peu mais je luttais tout de même, l’envie de survie était meilleur. Je courais droit devant moi sur le chemin que j’avais emprunté tout à l’heure, mais voilà, encore une fois, j’avais fait preuve d’intelligence. Je me retrouvais vite aux falaises, j’étais comme devant un cul de sac, je m’arrêtais et regardais le bas des falaises, c’était vraiment très … haut, je fermais les yeux et repris mon souffle.

« Patricia, tu es une idiote ! »

Pensant que la créature était encore loin, je pensais avoir le temps de m’enfuir dans la forêt mais une voix me glaça le sang, mes poils se hérissèrent et mon sang ne fit qu’un tour. Je me retournais vivement et vis la créature qui me poursuivait, j’étais bel et bien cuite, je tournais ma tête, non, c’était vraiment trop haut. Et maintenant ? Devais-je mourir tuée par une créature ? Ou bien mourir par moi même en sautant de la falaise, la deuxième option énerverait sans doute la créature, elle semblait si pressée de me briser le cou, je la regardais de travers, je relâchais mes membres, je me détendais, j’allais mourir, ça ne servais à rien de paniquer, mon sort était fait, je m’y étais préparé, ce qui était sûr, c’est que je n’allais pas l’implorer à genoux, je me détendis donc faisant tourner mon cou. Je repris ma respiration.

« Qu’est que je suis censée faire maintenant ? »

Zenith s'essuya une nouvelle fois la tempe, sans même s'en rendre compte, une expression de victoire dans les yeux.

Mais au fond, cette poursuite de la souris par le chat l'avait amusée, elle trouvait même ça dommage que tout se termine aussi simplement. Même si le souvenir de la haine qu'elle avait ressenti, et qu'elle ressentait toujours au plus profond d'elle l'empêchait de revenir en arrière. Cela aurait été pire que ridicule si elle avait changé d'avis. Ce n'était pas son genre surtout. Les égarés devaient être détruits, ils n'étaient que de la vermine. Celle-ci y compris.

La créature la regarda de haut en bas. Elle faisait vraiment pitié. Ses vêtements abîmés et qu'elle n'avait pas dû laver depuis un moment et son air fatigué la faisaient ressembler à un oiseau tombé du nid. Elle était ridicule. Mais elle n'était pas paniquée. Le monstre se faisait toujours la réflexion, en voyant ses proies dans leurs derniers instants, qu'ils auraient mieux fait de se souvenir des plus beaux moments passés dans leur vie plutôt que d'avoir peur. Cela aurait été plus utile. Et cela leur aurait rapporté une plus belle mort. Mais les égarés n'étaient pas comme ça en général, ils préféraient écarquiller leurs yeux en tremblant plutôt que d'être pleinement conscients de la mort qui approchait. Ils n'avaient aucun sang-froid. Mais celle qui faisait face à Zenith avait précédemment montré qu'elle était capable de rester calme, son courage semblait ne pas s'être évanoui. Elle n'était pas exactement comme les autres.

« Tu es assez étrange, dans le genre égaré. »

La créature ne put s'empêcher d'exprimer ses pensées à voix haute.
Puis, une idée lui traversa l'esprit. De toute façon, elle allait la tuer, alors autant en apprendre un peu plus sur les égarés. Ce qui venait de se passer, et le fait que certains d'entre eux - mais rares - réussissaient à lui échapper prouvaient que Zenith n'était toujours pas incollable sur la question. Il fallait qu'elle sache tout d'eux, ou plutôt de leurs cas particuliers. Et la blonde en face d'elle était forcée de parler. Elle n'avait pas d'autre alternative, même si elle prendrait sûrement conscience du fait que cela repousserait seulement sa mort.

Le monstre devait les comprendre parfaitement, pour mieux les éliminer.

« Tu t'appelles comment ? »

Elle s'assit sur le sol, en face de celle qu'elle espérait être sa future victime. Suffisamment proche d'elle pour qu'elle ne puisse toujours pas s'enfuir, et pour qu'elle puisse soit lui briser le cou, soit l'envoyer valser dans l'abîme d'un coup de pieds si elle tentait quoi que ce soit de stupide.

« Et d'où vous venez tous ? »

Quoi ? Qu'est que ça pouvait lui faire de savoir mon prénom ? J'arquais un sourcil et la regardait de travers. Elle comptait me fair epasser un interrogatoire ou quoi ? D'ou nous venons tous ? Qu'est qu'on meur avait fait à ces créatures pour qu'ils veuillent nous tuer ? Ca me dépassait, ils n'avaient aucune raisons de nous tuer quand on y pensait bien, je regardais encore une fois en bas de la falaise, je préférerais sauter que de me faire tuer des mains d'une créature. Mais non, pas maintenant, durant 53ans, je n'ai jamais provoqué une créature, qu'est que ça faisait de ce foutre de la gueume de quelqu'un qui allait bientôt nous tuer, ça pourrait être marrant, elle m'avait demandé mon prénom, un sourire érira mon visage.

« Moi c'est Ginette & toi ? »

Puis je lui tendis ma main, qu'est que j'avais à perdre après tout, il fallait bien que je profite de mes derniers instant de vie. Maintenant, d'ou est que nous venons tous ? Je ne voulais pas rentrer dans les précisions, je ne savais même plus d'où je venais, je ne me souvenais plus de ce genre de détails. Je passais ma main dans mes cheveux et admirais ma jolie tenue toute neuve & toute propre, ah ah, c'té blague.

« On vient tous d'un joli nuage rose comparé à ici ! »

Très bien, elle ne voulait pas coopérer, c'était à ses risques et périls. Étant donné le regard moqueur et le sourire que l'égarée avait lancé à Zenith, celle-ci avait immédiatement compris que tout ce qu'elle dirait ne serait qu'un immense mensonge ayant pour but de la mener en bateau. C'est donc naturellement qu'elle broya la main de sa proie autant qu'elle pût quand celle-ci la lui tendit, un sourire mauvais sur son visage.

La créature ne supportait pas que l'on se moque d'elle, et l'idée de laisser s'enfuir cette fille après l'avoir interrogée, qui lui avait traversé l'esprit en un éclair, était désormais aux oubliettes.
Elle avait faillit être faible, mais l'égarée venait de lui rappeler pourquoi elle les haïssait tant. Ils se croyaient tout permis. Ils envahissaient une terre qui n'était pas la leur et se permettaient de faire ce que bon leur semblait. Alors qu'ils étaient si faibles, il était si facile de leur briser le cou, d'un simple petit geste du poignet.

Le monstre se releva donc, se dressa devant celle qui lui avait remis les idées en place, la haine de retour dans son regard. Oui, elle était très lunatique.

Elle hésitait encore à propos du moyen de la tuer et décida finalement de lui laisser dire une dernière chose. Cette fille avait l'air d'avoir la langue bien pendue, autant qu'elle s'en serve ...

Tant qu'elle ne reparlerait pas, Zenith ne bougerait pas. A part si elle tentait une quelconque fuite, bien évidemment.

Si je m'y attendais ... j'avais pensé qu'elle m'aurait craché sur la main ou qu'elle l'aurait repoussé mais à la place, elle me la broya, mes yeux sortirent de leur orbite, c'est que ça faisait ... mal. Je retenais mon cri mais une exepression de douleure intense, je me mordais la lèvre inférieur pour éviter de pleurer, mais ce n'est pas l'envie qui me manquait. Cette créature ne perdait rien pour attendre, j'avais une de ces envie de lui en coller une. Elle qui semblait s'est calmée, la voilà maintenant furax. Il y eut un gros blanc là, elle atendait quoi au juste, elle me fixait du regard alors que je massais ma main. Je la regardais d'un air interrogateur. Elle reflechissait à comment me tuer ? Ou elle attendait que je lui lèche les pieds ? Je levais les yeux au ciel & soupirais. Elle attendait surement que je m'offre à elle, très bien, je me rapprochais et lui tendit mon cou.

« Vas-y. Tue-moi, je suis tout à toi ! »

Non c'était trop facile. Il fallait qu'elle trépigne, qu'elle hurle, qu'elle pleure, qu'elle ait peur. Pas qu'elle reste là et qu'elle lui dise qu'elle pouvait la tuer. Et surtout pas qu'elle lui tende le cou.

Zenith fronça ses sourcils et lâcha un petit claquement de langue agacé. Le genre de claquement que l'on imaginait plus venant d'une femme d'affaire frigide que d'une tueuse vivant dans les bois. L'égarée n'avait visiblement rien compris à son attente. Comme si la créature avait besoin d'une autorisation pour tuer. La situation devenait ridicule: l'une proposait à l'autre de la tuer alors que l'autre en question retardait la mort de l'une. Vous avez suivi ? Sinon relisez la phrase.

« Tu ne comptes tout de même pas faire ça ? T'offrir à moi de cette façon. C'est encore plus ridicule qui si tu t'étais mise à prier. »

Cette fois, c'était certain, l'égarée n'allait rien y comprendre. Mais tant pis, le monstre ne pouvait se réduire à tuer quelqu'un aussi facilement, il n'y avait aucun jeu. Elle était cruelle, et exterminer quelqu'un avec son autorisation n'était pas suffisamment jouissif à ses yeux.

C'est vrai qu'il n'y avait plus d'amusement à tuer quelqu'un qui était consentant, ce n'eétait guère drôle pour la créature, mais c'est ce que je voulais, l'embêter, mais je n'allais sûrement pas pleurer pour elle, ni me mettre à crier, ni me mettre à la supplier, un nouveau sourire étira mon visage. Elle y croyait ... trop. Je la regardais de haut en bas, bizzarement, je me sentais puissante devant elle, j'avais comme l'impression qu'elle ne savait pas trop ce qu'elle allait à faire.

« Compte pas sur moi pour me mettre à genoux & pleurer touters les larmes de mon corps, tu vas me tuer de toute façon »

Ca me ferait vomir de devoir me mettre à genoux, je n'allais pas non plus me soumettre. J'attendais soit qu'elle me saute dessus, soit qu'elle s'en aille.

Il fallait bien avouer que Zenith était désarçonnée par l'attitude de celle qui était supposée être sa victime. Personne ne lui avait jamais tenu tête à ce point. C'était bel et bien quelque chose de tout à fait nouveau pour elle. Elle ne savait absolument pas comment réagir.

En réalité, elle avait seulement deux alternatives: la première était de la tuer, la seconde était de la laisser partir.
La tuer aurait été à ses yeux inintéressant, mais le fait de la laisser partir aurait été un total déshonneur. La créature avait voué sa vie à cette tuerie inexplicable des égarés. Elle ne pouvait tout simplement pas renoncer maintenant, changer d'avis aussi aisément. Quelle honte infâme cela aurait été à ses yeux ... Pourtant, d'un autre côté, cela signifierait qu'une autre traque semblable à celle qui venait d'avoir lieu prendrait forme. Le risque était qu'une autre créature ne la tue avant, ou que l'égarée clame partout qu'elle était faible. Ce que Zenith n'aurait jamais supporté, vous l'avez bien compris.
Une immense hésitation prenait donc place dans son esprit, et le monstre ne savait tirer les avantages des inconvénients. A vrai dire, les deux situations avaient autant d'avantages que d'inconvénients. Ce qui était atrocement gênant.

Une dernière option s'offrait à elle. Une option qui lui permettrait uniquement de ne pas avoir à choisir entre les deux autres. Une solution qui lui permettrait de la revoir certainement sans pour autant paraître faible.

« Dommage. »

Zenith s'approcha un peu plus près de l'égarée et le visage indéchiffrable, la poussa dans le vide.

Puis, elle tourna les talons, et repartit tranquillement dans les bois.

Bon elle se décidait ? C'est pas que je m'ennuyais mais c'est que je m'ennuyais ... J'avais assez vécu ici, si en plus, il fallait retarder encore plus l'heure de ma mort ... Je la vis s'approcher enfin, bon, j'avais l'air détendue mais j'avais tout de même peure, fallait pas croire, je n'étais pas heureuse de mourir, au contraire, je regrettais d'avoir préféré le demi-tour plutôt que de risquer le traumatisme. Mais bon, on n'échappait pas à son destin, la créature s'approchais et me poussais, je perdis l'équilibre et tombais lourdement à la renverse, je fermais les yeux et je me laissais mourir ... mourir ? Jamais, ca aurait étét trop facile voyons, j'avais eu un coup de chance, Dieu avait décidé de ne pas me faire mourir tout de suite. Je tombais sur un truc ... dur. Je m'évanouis mais j'allais me réveiller très bientôt.

* TOPIC CLOS *